Plusieurs parties se préparent à fêter la rentrée à leur manière. C’est le cas de la Fédération générale de l’enseignement secondaire (Fges), de l’Union des enseignants universitaires chercheurs tunisiens alias «Ijaba» ou encore les ouvriers des chantiers. Chacun promet des surprises pour l’année scolaire et universitaire.
La Fges, à travers son S.G, promet des actions de protestation dès le début de la saison. Les sujets sont toujours les mêmes. Un syndicat de base de l’enseignement primaire à Nabeul garantit le boycott de la rentrée. Il dénonce les conditions de travail, l’état de vétusté et le manque de maintenance des établissements. Les enseignants suppléants se préparent à des sit-in et des rassemblements devant les commissariats régionaux à l’éducation (CRE). Ils revendiquent leur intégration. Quant aux responsables de «Ijaba», ils menacent, ni plus ni moins, de boycotter la rentrée universitaire 2019-2020. Ils invoquent les «revirements» des autorités et la suspension de certains enseignants (on parle de 5 enseignants). Pour cette organisation, cela fait plus de trois ans que le conflit persiste avec le ministère de tutelle. Aucune solution proposée n’a été acceptée par ce syndicat. En fait, ce dernier se pose comme un rival à l’autre structure professionnelle dépendante de l’Ugtt à savoir la Fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Fgesrs). C’est, finalement, une lutte pour s’imposer dans le paysage universitaire à tout prix quitte à porter préjudice à tout le système. La preuve en a été administrée, notamment, au cours de ces deux dernières années. Les boycotts des examens ou les boycotts administratifs effectués par cette catégorie d’enseignants a eu un impact très négatif sur au moins une centaine de milliers d’étudiants. Pour la saison 2018-2019 de nombreux étudiants n’ont pu passer leurs examens malgré toutes les mesures prises par le ministère.
Toutes les médiations entreprises ont échoué. L’Union des enseignants universitaires chercheurs s’en tient à ses exigences et ne semble pas prête à reculer d’un iota. Le programme préparé par cette organisation risque de porter le coup de grâce. C’est, du moins, ce que redoutent de nombreux étudiants et parents. D’ailleurs, l’Uget (Union générale des étudiants de Tunisie) est sur le pied de guerre et prépare sa riposte. En effet, elle reproche les mesures disciplinaires prises à l’encontre de certains de ses militants. De leur côté, les ouvriers des chantiers cherchent à s’en prendre aux établissements scolaires en boycottant la rentrée. Il faut savoir que plusieurs agents sont employés dans les écoles ou les collèges et lycées avec le statut d’ouvriers de chantiers.
À bien y regarder, on a l’impression que tout le monde cherche à résoudre ses problèmes en s’en prenant à ce qu’il y a de plus précieux et de plus symbolique. C’est-à-dire l’École dans le sens le plus large. En somme, on veut frapper le pays dans ce qu’il a de plus représentatif et vital. Comme c’est ce système qui a fait la fierté de la Tunisie et qui constitue son arme contre l’ignorance et l’obscurantisme, il existe des parties qui sont prêtes à jouer ce rôle de saboteur sous divers prétextes. Car on ne pourra pas interpréter autrement cet acharnement à vouloir s’en prendre au système éducatif pour le moindre problème. Le simple citoyen a bien compris que derrière ces mouvements revendicatifs à outrance se profile une stratégie claire et qui ne laisse aucun doute. On veut saper notre système éducatif et le réduire à néant au profit d’on ne sait quelle autre politique.
Donc, de façon directe ou indirecte, consciente ou non, ceux qui ont adopté cette action de sape sont bien dans leur rôle. Il est facile de brandir des revendications salariales ou professionnelles en apparence légitimes. Mais l’affaire devient louche dès que toutes les tentatives d’aboutir à des accords ou des compromis deviennent impossibles.
Ces «militants» syndicalistes ne veulent jamais admettre qu’ils pourraient être dans leur tort ou adopter des positions plus flexibles. Certains ne semblent pas connaître la conjoncture socioéconomique du pays ou n’en tiennent pas compte. Savent-ils qu’il serait indécent de demander des augmentations, des primes et des avantages tout en sachant que dans d’autres secteurs il y a des travailleurs qui ne jouissent même pas du strict minimum ?
Personne n’est au-dessus des lois. Les enseignants (de tous les niveaux) dépendent de la Fonction publique et c’est, uniquement, dans ce cadre que doivent être négociées les augmentations salariales. Pourquoi, alors, chercher à créer un fossé entre les fonctionnaires par des pratiques discriminatoires. Certes, il y a des statuts particuliers qu’il faut respecter et il serait anormal de les changer continuellement pour en tirer le plus de profits possibles au détriment d’autres catégories moins mobilisables et peu favorisées. En fin de compte, les enseignants n’ont pas le droit d’exiger plus qu’il n’en faut pour la simple raison qu’ils détiennent nos élèves et nos étudiants en otages.
De là à parler de crime il n’y a qu’un pas. De tels actes ne peuvent être qualifiés autrement. C’est pourquoi il serait urgent de légiférer sur cet aspect et de considérer ces agissements comme des actes répréhensibles et devant être sanctionnés. Il n’y a aucun rapport avec le travail syndical.
Aujourd’hui, ce qui se passe dans l’enseignement (du primaire au supérieur) s’apparente beaucoup plus à une campagne visant à détruire les fondements d’un système qui contribue à développer les potentialités du pays et à lui donner les armes nécessaires pour l’évolution de ses ressources, notamment, humaines.